Soulemane Bambara incarne cette nouvelle génération d’agro-entrepreneurs burkinabè, ancrée dans l’innovation, la durabilité, et la transmission.

À la tête de l’entreprise “Hôriyombou Agrobusiness”, il s’est imposé comme l’un des pionniers de la production de compost de qualité au Burkina Faso.

Ancien technicien au Programme National de Biodigesteurs du Burkina Faso (PNB-BF), actuelle Direction du Développement de la Technologie du Biodigesteur (DDTB), il mise sur la commercialisation des fertilisants organiques pour offrir une alternative durable à l’usage des engrais chimiques au Burkina Faso. Rencontre avec un entrepreneur engagé pour une agriculture plus intelligente et une consommation responsable.

Génie civil de formation, Soulemane Bambara n’était pas destiné à l’agrobusiness. C’est au détour d’un stage au sein du PNB-BF qu’il découvre toutes les possibilités qu’offre le  compost issu du biodigesteur dans le contexte agricole burkinabè. “Le produit qui m’a vraiment séduit durant mon stage au PNB-BF, c’est le compost issu de la technologie du biodigesteur”, confie-t-il.  Ce fut le déclic !

Le hasard n’existant pas selon lui. Alors, plutôt que de créer son entreprise de construction de biodigesteur, il décide de se lancer dans la commercialisation de fertilisants organiques. C’est ainsi que nait “Hôriyombou Agrobusiness” en 2022. Une entreprise qui transforme les déchets organiques en « or brun ».

La production du compost repose sur un assemblage rigoureux de matières premières : effluent/compost issu du biodigesteur, bouses de vache, crottins de porcs, fiente de poulets, paille, résidus d’amandes de karité, et même les eaux d’abattoir. Ces éléments sont minutieusement collectés, triés, humidifiés et transformés selon une méthode qui garantit un compost riche et mature entre 60 et  90 jours. “C’est ce mélange spécifique qui fait la richesse et la particularité de notre compost à “Hôriyombou Agrobusiness””, explique Bambara.

Avec une capacité de production annuelle en forte croissance de 3 000 tonnes de compost vendues en 2024 à un objectif de 8 000 tonnes en 2025, l’entreprise répond à une demande croissante.

Le compost séduit aussi bien les maraîchers que les ménages urbains et les collectivités locales. Même les personnes chargées de l’entretien des pelouses de stades en demandent. La pelouse du stade du 4 Août connait une nouvelle vie aux nutriments apportés par la commande de 1 000 tonnes d’engrais organique honoré par l’entreprise Hôriyombou Agrobusiness.

“Nous avons amélioré la qualité de notre produit aujourd’hui, nous vendons le sac de 50 Kg  à 5 500 FCFA et la tonne à 95 000 FCFA au lieu de 110 000F CFA ”, précise t-il.

Soulemane ne se contente pas de produire. Il transmet son savoir faire. Il forme aux meilleures pratiques de compostage, tri des déchets, dosage de l’humidité, maîtrise du processus. A ce jour, il a encadré plus de cinquante jeunes porteurs de projets désireux d’entrer dans le secteur et partage son expertise pour professionnaliser la filière de production et de commercialisation de l’amendement organique.

Les utilisateurs de son fertilisant organique constatent des rendements améliorés. Les plantes de nutriments immédiatement disponible, la structure des sols est améliorée et ainsi que la fertilité.

Plus de 60 % des nouveaux clients viennent sur recommandation, preuve de l’efficacité du produit.

Malgré ses réussites, l’entreprise fait face à des défis : diminution de la disponibilité des déchets du fait de  la crise sécuritaire, coût élevé du transport… Mais Souleymane garde le cap, il espère et voit plus loin : “Avec un meilleur soutien, un meilleur accompagnement, nous pourrions mécaniser notre production et répondre à une demande de plus en plus croissante au Burkina Faso et dans la sous-région.”

Soulemane Bambara lance un appel aux décideurs “Si les dirigeants achètent et mettent à la disposition des producteurs des fertilisants organiques, ils encourageront la création d’emplois verts. Mais il faut aussi que les producteurs de compost en contrepartie s’engagent à proposer un produit de qualité”, affirme-t-il en guise de conclusion.