Energy, Capital & Power s’est entretenu avec Malick Gaye, coordinateur du programme national de biogaz et conseiller technique au ministère du Pétrole et des Énergies du Sénégal, au sujet du programme national de biogaz du pays.

L’initiative initiée par le ministère vise à fournir aux foyers une énergie de cuisson propre, à réduire les émissions de CO2, à conserver les forêts et à promouvoir la santé des femmes et des enfants. Guaye a abordé le développement du programme, les initiatives actuelles, les réalisations et les intentions pour l’avenir.

Quel est l’état actuel des lieux du biogaz au Sénégal ? Pouvez-vous donner un aperçu du programme national de biogaz ?

Le programme national de biogaz au Sénégal vise à fournir aux foyers une énergie de cuisson propre comme alternative au bois et au charbon de bois. L’un des principaux objectifs est de réduire les émissions de CO2. De plus, l’initiative vise à réduire l’impact sur les forêts tout en améliorant la santé des mères et des enfants. La cuisine est principalement la responsabilité des femmes dans la culture sénégalaise, et l’utilisation du bois et de la fumée dans les méthodes de cuisson traditionnelles a un impact néfaste sur leur santé. De nombreuses mères portent souvent leurs enfants sur le dos pendant qu’elles cuisinent, les exposant à des situations encore plus dangereuses. Nous voulons résoudre ces problèmes en proposant une alternative avec le biogaz. Depuis 2009, l’initiative s’est concentrée sur des phases pilotes pour promouvoir la technologie et former les gens à la mise en œuvre des projets.

Combien de systèmes de biogaz ont été installés jusqu’à présent au Sénégal ?

Le Sénégal compte aujourd’hui plus de 3 000 unités de biodigesteurs en fonctionnement. Le concept de dôme fixe, qui intègre un biodigesteur souterrain construit par génie civil, est la technique la plus largement utilisée. Le modèle chinois de production de biogaz est largement utilisé. Bien qu’il existe d’autres substrats possibles, la bouse de vache est la principale matière première utilisée pour fabriquer du biogaz. La bouse de vache est facilement accessible puisque bon nombre des foyers que nous ciblons sont des ménages agropastoraux. Nous fabriquons du digestat, un amendement organique qui agit comme un engrais vital pour les cultures, ainsi que du biogaz en utilisant la bouse de vache.

Comment l’aspect financier du programme a-t-il été abordé ?

Initialement, le programme utilisait un système de subventions dans lequel l’État finançait 80 % du coût du biodigesteur et la famille faisait don des 20 % restants. Cette méthode s’est toutefois avérée insoutenable puisque les individus préfèrent ignorer les articles dans lesquels ils n’ont pas beaucoup investi. En conséquence, nous avons adopté une nouvelle approche qui se concentre sur les caractéristiques commerciales des produits de biogaz tels que les amendements organiques, les eaux usées et le CO2. Les grandes corporations agricoles achètent du digestat pour fertiliser leurs champs, et le Ministère de l’Agriculture achète du digestat pour le distribuer lors de certaines campagnes agricoles. Nous avons également conclu des accords avec des pays comme la Suisse pour leur vendre des droits d’émission de CO2. Ces flux de financement contribuent à assurer la viabilité à long terme du programme.

Quels autres pays ont manifesté leur intérêt pour le programme de biogaz ?

Le Sénégal et le Burkina Faso sont les pays d’Afrique de l’Ouest les plus avancés en termes de développement d’initiatives de biogaz. D’autres pays mettent en place des programmes, notamment le Mali, la Guinée-Conakry, le Niger, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Togo. Une association de biogaz a été créée entre ces nations et approuvée par leurs gouvernements respectifs pour encourager le travail d’équipe et le partage des connaissances. L’association est régie par un conseil des ministres et un conseil d’administration, auxquels participent les principales parties prenantes. L’initiative du Sénégal a servi d’exemple aux autres nations de la sous-région.

Est-il prévu d’introduire de nouvelles technologies dans le secteur du biogaz ?

Sur le marché, de nouvelles technologies telles que les éléments préfabriqués font leur apparition. La technologie de la géomembrane, notamment les bâches faites de géomembrane, gagne en importance. Ces bâches sont plus solides et peuvent durer jusqu’à 25 ans. Nous travaillons actuellement sur un projet d’installation de 1 600 biodigesteurs utilisant la technologie des géomembranes. Ce projet servira de banc d’essai pour déterminer la viabilité et l’évolutivité de cette nouvelle technique.

Quels sont les futurs plans et objectifs du Programme National de Biogaz au Sénégal ?

Notre objectif ultime est d’atteindre toutes les familles susceptibles de bénéficier du biogaz comme source d’énergie de cuisson propre. Nous souhaitons élargir le périmètre de l’initiative et installer davantage de biodigesteurs. En outre, nous avons l’intention d’augmenter l’efficacité de la production de biogaz et d’étudier les perspectives d’application du biogaz dans d’autres domaines tels que la production d’énergie et le transport. La collaboration avec les pays voisins restera une priorité afin d’échanger les expériences et les meilleures pratiques et de résoudre en collaboration les problèmes régionaux.

SOURCE : https://energycapitalpower.com/biogas-initiative-drives-senegals-clean-cooking-regional-collaboration-agenda/?utm_content=255535400&utm_medium=social&utm_source=linkedin&hss_channel=lcp-10278398